ARTS MARTIAUX TRADITIONNELS SELF-DÉFENSE
Un point commun, l’exigence de la confrontation
Tous les arts martiaux ont en commun le même principe de confrontation entre deux individus, armés ou non, mais n’ayant à leur disposition que leur intelligence et l’habileté acquise par la pratique, ce qui exclut d’emblée les formes de combat usant d’armes à feu. Ce principe commun, qui permet d’inclure dans un même groupe toutes les luttes, boxes et escrimes, quelles que soient leurs origines, autorise l’utilisation d’une étiquette commune, qui peut-être celle des « arts martiaux ».
Différentes orientations
S’ils reposent tous sur l’exigence et le principe de la confrontation, les arts martiaux ne partagent pourtant pas tous les mêmes ambitions. Il est ainsi possible de distinguer un certain nombre d’orientations, qui n’ont d’ailleurs entre elles aucun ordre de hiérarchie et ne s’excluent nullement.
La ritualisation de la lutte
La confrontation peut, tout d’abord, être ritualisée, offerte aux divinités pour les réjouir ou les pacifier. La plupart des luttes traditionnelles anciennes ont connu une telle orientation, mais seul le sumo (combat) en conserve aujourd’hui la trace.
L’auto-défense
De nombreux arts martiaux centrent leurs discours sur leur efficacité pratique, héritée d’une tradition ancienne et d’un savoir-faire affiné par plusieurs générations d’experts. Tous les « jutsu » (méthodes, techniques) s’inscrivent naturellement dans cette orientation.
Cette efficacité trouve son expression et sa justification dans le réel et doit pouvoir faire ses preuves « en situation » ; toutes ces disciplines martiales ont d’ailleurs fait dans le passé la preuve de leur efficacité, parfois redoutable, sur les champs de bataille ou en combat singulier. Cependant, ce « réel » n’a pas grand-chose à voir avec la réalité contemporaine : le champ d’application de l’efficacité de la plupart des arts martiaux s’est en effet considérablement réduit, puisque la rue, en milieu urbain principalement, constitue désormais le seul « champ de bataille » où l’on se batte encore à mains nues ou à l’arme blanche.
C’est pourquoi la police et l’armée continuent d’enseigner des techniques d’auto-défense à leurs recrues, dont certaines forment des systèmes complets et organisés, tels que le krav-maga des armées israéliennes. Pour le particulier, l’enseignement des arts martiaux appliqués à l’auto-défense se place plutôt dans l’hypothèse d’une agression par un individu, de préférence seul, non armé et respectueux de certains règles de « fair-play », qui n’attaquerait par conséquent pas dans le noir ni par derrière. Autant dire qu’un entraînement à l’auto-défense, s’il peut renforcer certaines qualités physiques et livrer quelques recettes permettant de s’en tirer à bon compte en cas d’agression, peut également se révéler dangereux s’il ne fait que donner à l’élève l’illusion de sa capacité à maîtriser une situation critique.
Les sports de combat
D’autres arts martiaux ont développé une pratique sportive comportant généralement une expression en compétition. Il s’agit cette fois d’un jeu, dont le but est de devenir le plus fort possible dans un système codifié et dans les limites de certaines règles strictes. La boxe ou la lutte actuelle appartiennent à cette catégorie, de même que le judo, le karaté ou le taekwondo dans leur expression de compétition.
La dimension éducative
Un certain nombre d’arts martiaux fait du jeu d’opposition et de confrontation le prétexte d’un large projet pédagogique, permettant dans un premier temps une éducation physique, mentale, morale et sociale, et devenant dans un second temps le lieu privilégié d’une recherche constante, d’une prise de conscience progressive de soi-même et des autres.
Dans cette perspective se placent tout particulièrement les « do » tels que le judo, l’aikido, le kendo, le karatédo, etc. Leur pratique, pour être éducative, s’inscrit dans l’ordre du symbolique et doit être « démotivée » : l’élève s’entraîne ni pour apprendre à se défendre, ni pour gagner en compétition, mais pratique pour la pratique elle-même, puisant dans cette expérience exigeante sans but ni objectif – et donc sans fin – les moyens d’une progression physique et mentale profonde.
Les pratiques de santé
D’autres arts martiaux, parmi lesquels le plus connu est taijiquan, sont conçus comme des moyens de mieux faire circuler l’énergie du corps, d’améliorer ou de conserver la santé. Le geste martial, s’il n’est parfois qu’esquissé, demeure le prétexte d’une très grande exigence en termes de justesse de la posture. La plupart des arts martiaux s’inscrivant plus particulièrement dans cette orientation sont d’origine chinoise et ont été fortement influencés par les principes taoïstes.
Ces cinq orientations ne correspondent nullement à cinq catégories dans lesquelles il serait possible de ranger de façon univoque les différents arts martiaux. Chaque discipline martiale possède, à des degrés divers, une part de chacune de ces orientations, ces degrés variant également en fonction de chacun, de son âge, de son niveau, de sa façon de pratiquer l’art martial qu’il a choisi et de la façon dont cet art martial lui est enseigné.
Des formes variées
Si les arts martiaux peuvent être divisés en deux grands groupes : les disciplines avec armes et les disciplines à mains nues, cette catégorisation n’en demeure pas moins souple, large et non exhaustive.
Les arts martiaux avec armes
Parmi les arts martiaux avec armes figurent d’une part les arts martiaux dont la pratique est centrée sur une arme spécifique : kendo, escrime, … et d’autre part ceux pour lesquels la pratique avec arme apparaît comme un complément nécessaire à la pratique à mains nues : kung-fu, aikido, …
Les arts martiaux sans armes
Parmi les arts martiaux à mains nues figurent les luttes, où les combattants sont au corps à corps et peuvent terminer le combat au sol : judo, lutte, …, les boxes pieds-poings, au cours desquelles les combattants ménagent entre eux une certaine distance et évitent le sol.